Le 1er ou le 2 juillet 1940
L'arrivée de Manuel Azaña à Montauban constitue une des innombrables conséquences de l'invasion de la France par l'armée allemande et de l'armistice conclu par le gouvernement de Pétain. En effet l'ancien président espagnol, qui séjournait au Pyla-sur-Mer depuis novembre 1939 en compagnie de son épouse et de la famille de son beau-frère Cipriano de Rivas Cherif, doit quitter ce lieu pour éviter de rester dans la zone occupée. En raison de son état de santé, le laissez-passer délivré par la préfecture de la Gironde lui permet de partir en ambulance, le 25 juin, accompagné de sa femme, de son médecin, le docteur Gómez-Pallete, et de leur employé Antonio Lot.
Ils doivent accomplir un long détour pour se rendre à Montauban, les routes étant encombrées par les mouvements de troupes, les obligeant à faire une halte de quatre ou cinq jours à Périgueux avant de reprendre la route.
A Montauban ils ne peuvent compter que sur un asile temporaire : le docteur Cabello, collègue et ami de Gómez-Pallete, a proposé de leur faire place dans l'appartement mis à sa disposition par le docteur Honoré Cave, lui-même mobilisé. C'est donc là, 35 rue Michelet, au premier étage, que les fugitifs trouvent refuge en compagnie d'autres réfugiés espagnols. Dans leur esprit, ce séjour à Montauban doit être de courte durée, avant de trouver un refuge plus sûr, qui dans l'esprit de Madame Azaña pourrait être le Mexique. Mais les événements en décident autrement.
Il va avoir à assumer cette fonction pendant la guerre civile, voulant incarner la légitimité républicaine face au soulèvement militaire.
Il lance un appel à tous les Espagnols pour demander sans succès « paix, pitié, pardon ». Désespéré, il quitte l'Espagne le 4 février 1939, démissionnant peu après de la présidence. Il mène en France une vie précaire d'exilé entouré des siens, d'abord en Haute-Savoie, puis au Pyla, qu'il doit quitter en juin 1940 devant l'invasion allemande. Réfugié à Montauban, il voit sa santé empirer tandis que des émissaires de Franco cherchent à l'enlever. Sa mort à l'Hôtel du Midi, le 3 novembre, est suivie le 5 de son inhumation au cimetière de Montauban.
(Jean-Pierre Amalric)
Le 17 juillet 1940
Le 1er Août 1940
Apprenant l'enlèvement de Cipriano de Rivas Cherif, qui était resté au Pyla, par des agents de Franco en liaison avec la Gestapo, Azaña se rend à la préfecture et obtient le concours du préfet pour alerter la légation du Mexique en France sur le sort de son beau-frère. Le 27, il parvient à dicter une lettre à Pierre Laval, pour lui demander d'assurer la protection de la famille Rivas Cherif et de trouver lui-même une « seconde patrie » en France – lettre à laquelle Laval oppose une fin de non-recevoir
il est frappé par un accident cérébral qui le contraint à ne plus quitter sa chambre. Dans les derniers jours du mois d'août, devant libérer l'appartement qui les abrite, Azaña et sa femme finissent par envisager de se rendre à Vichy où le chef de la Légation du Mexique, Luis I. Rodríguez, propose de les prendre sous sa protection.
Le 15 septembre 1940
Le 15 octobre 1940
Arrivant à Montauban pour les emmener à Vichy, Luis I. Rodríguez apprend de Madame Azaña que le préfet de Tarn-et-Garonne lui a signifié la veille que son mari et elle-même sont assignés à résidence et ne peuvent pas quitter Montauban. Il décide alors de les transporter à l'Hôtel du Midi, aux frais et sous la protection de la République du Mexique, laissant à leurs côtés trois membres de la Légation. Le 16, à peine installé, Azaña est frappé par un nouvel accident cérébral, qui le laisse entre la vie et la mort. Le docteur Pouget, médecin montalbanais, se charge de prescrire les soins qui lui sont apportés. Dans les jours qui suivent, des agents espagnols, dirigés par un certain Urraca, séjournent à l'Hôtel du Midi, afin de préparer l'enlèvement d'Azaña…
Le docteur Gómez-Pallete, qui n'avait pas quitté le malade, se suicide dans sa chambre d'hôtel à la suite d'une déception amoureuse. On cache ce drame à Azaña, dont l'état paraît s'améliorer un peu les jours suivants.
Le 28 octobre 1940
Le 31 octobre 1940
Madame Azaña, apprenant la condamnation à mort de son frère Cipriano (prononcée le 21 à Madrid), accompagnée de Sœur Ignace, religieuse qui s'était présentée à elle, rend visite au nouvel évêque de Montauban, Monseigneur Théas, pour lui demander d'intercéder auprès du gouvernement de Franco. L'évêque accepte et se rend le lendemain à l'Hôtel du Midi au chevet d'Azaña.
Azaña perd connaissance et tombe dans le coma. Le même jour, on signale l'arrivée à Montauban de l'ambassadeur d'Espagne, Félix de Lequerica, venu tenir une réunion secrète pour mettre au point l'enlèvement de l'ancien président.
Le 3 Novembre 1940
Le 5 Novembre 1940
Peu après 23 heures, Azaña expire, en présence de sa femme, de ses proches – dont le général Juan Hernández Saravia et le fidèle Antonio Lot - et de Monseigneur Théas, que sa femme a fait appeler.
Refusant de participer aux obsèques religieuses prévues par Madame Azaña – si épuisée qu'elle ne peut y assister -, préparées à la cathédrale en présence de l'évêque, une foule de quelque trois mille réfugiés républicains improvise des obsèques civiles, malgré l'interdiction du préfet, en accompagnant la dépouille de l'ancien président jusqu'au cimetière municipal de Montauban.
Ce n'est qu'en 1941 que, sur les instructions et aux frais de sa veuve, sera installé le caveau funéraire abritant les restes de Manuel Azaña.
Sources : Manuel Azaña à Montauban
Témoignage de Madame Azaña reproduit dans : Cipriano
de RIVAS CHERIF, Retrato de un desconocido, Grijalbo, Madrid, 1980,
pp. 500-511.
Enrique de RIVAS, « Azaña à Montauban », dans :
Azaña et son temps, dir. par Jean-Pierre Amalric et Paul Aubert, Casa de Velázquez, Madrid, 1993, pp. 407-437.
Enrique de RIVAS, « Dolores de Rivas Cherif et Azaña », dans : Manuel Azaña et la France, dir. par Jean-Pierre Amalric, Arkheia, Montauban, 2007, pp. 105-123.
Jean-Pierre AMALRIC, « Monseigneur Théas et les derniers jours de Manuel Azaña », dans : Monseigneur Théas, évêque de Montauban, les Juifs, les Justes, dir. par François Drouin et Philippe Joutard, Privat, Toulouse, 2003, pp. 79-85
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